
Une aristocratie intellectuelle pour un futur sous contrôle ?
Nietzsche (Friedrich) 1886, Par-delà le bien et le mal. Prélude à une philosophie de l’avenir, 10/18, 1971
Traduit de l’allemand par Geneviève Bianchis (Jenseits von Gut und Böse. Vorspiel einer Philosophie der Zukunft.)
Résumé
Constatant que les philosophes, et les hommes en général, tendent toujours à vouloir retrouver partout dans le fonctionnement du monde les principes moraux auxquels ils croient, Nietzsche commence par expliquer qu’il s’agit pour tous non pas de connaître la vérité, mais de construire un monde « bon », plus agréable. Ainsi, ils ne peuvent remettre en question l’établi s’il leur apparaît juste. Or, s’il fallait aller chercher la vérité, on la trouverait par-delà toutes références au bien et au mal. Le tableau de la réalité est tout sauf agréable à l’œil de celui qui ne cherche pas la vérité. Mais les vrais philosophes doivent regarder cette vérité en face, en cela se garder de l’influence du commun des idées bien-pensantes, afin de construire un avenir en tenant compte de ce qu’est réellement l’homme, un animal de volonté. Ainsi ils conduiront l’homme vers un avenir où les hommes deviendront plus forts.
Ne pas se lier à une personne, fût-ce la mieux aimée : toute personne est une prison, et un recoin d’ombre aussi.
p. 66
Commentaires
Hygiène intellectuelle
Par son ambition de s’affranchir de la morale, on pourrait rapprocher Nietzsche de Sade (dans la Philosophie dans le boudoir), à la différence qu’il renie les excès du corps, qu’il considère comme une mise sous esclavage de l’esprit. Mais là où Sade détruit toute morale au nom de la recherche du bonheur, pour un corps libéré des entraves, Nietzsche demande aux jeunes philosophes qu’ils abandonnent toute notion de bien et de mal au nom de la recherche de la vérité, qu’ils soient désenchantés des récits mythologiques (Freud conseillera de la même manière à ceux qui ne sont pas prêts à entendre certaines vérités de renoncer aux études de psychanalyse). Il s’agit de se défaire de l’influence encore puissante du discours religieux, pour adopter une rigueur intellectuelle, ou objectivité, aujourd’hui requise dans le monde de la recherche scientifique : se défaire des opinions préconçues notamment issues de la religion ou de toute idéologie, qui limiteraient l’exploration du champ de recherche ou l’interprétation des résultats. Cela veut-il dire pour autant qu’il faudrait faire fi de tout questionnement éthique (nous pensons là par exemple au Principe de responsabilité de Hans Jonas) ?
La dictature de l’élite intellectuelle et sélection naturelle
Le rôle social que Nietzsche confie à ces intellectuels sans illusions (qui auront acquis la vérité de la nature humaine), c’est celui de définir et d’imposer un futur à l’humanité – où s’exercera au mieux la puissance intellectuelle – et qui entraînera ainsi l’avènement d’une humanité plus forte (intellectuellement). Nietzsche n’hésite pas à parler de « discipline » et de « sélection »… On est dans une application simpliste des principes du darwinisme au social (à la suite d’Herbert Spencer que Nietzsche critique pourtant, notamment parce que lui estime qu’il faut choisir les critères de sélection) : si la société humaine fonctionne dans son entièreté suivant les principes de la concurrence intellectuelle alors les générations suivantes seront plus intelligentes et plus fortes… Sans parler de l’eugénisme et de la mauvaise lecture de Darwin (croire que le courage intellectuel pourrait s’hériter, comme un gène…), il est difficile d’ignorer les fondamentaux d’une belle dictature idéologique. L’homme du peuple en général, a besoin d’illusions, nous dit Nietzsche. Les élites intellectuelles qui seules savent qu’elles sont fausses, doivent toutefois choisir et entretenir celles qui sont à même d’organiser la société humaine et de l’entraîner dans une direction bénéfique (quelle direction ? qui serait d’accord là-dessus ?). Nietzsche rejoint là la stratégie politique de Machiavel, mais pour que le peuple-bétail aille dans la « bonne » direction. Car les élites savent « mieux » que le peuple ce qui est « bon » pour l’humanité (et on retrouve ici le bien et le mal que Nietzsche avait prétendu évacuer…). Et ce bien, c’est peut-être d’éliminer la partie indésirable de la société (en l’écartant de la reproduction)… Or, pour Darwin, l’existence d’un plus apte à la survie est conditionnée par le maintien d’une grande diversité dans l’espèce. On peut également repérer ce cliché très droitiste fascisant : les masses ont besoin d’être dirigées par la force, la discipline ; l’éducation molle serait la principale raison de leur faiblesse, de leurs vices (comme si ce n’était pas au contraire les élites qui profitaient d’une vie et d’une éducation tout à fait gentille…).
La philosophie et l’individualisme au dessus de tout
Si Nietzsche se pose en éducateur « à la dure » pour les jeunes philosophes, il leur propose en fait une vision du monde ultra flatteuse dans laquelle toute personne ayant la vanité de se sentir supérieure intellectuellement est amenée à jouer un rôle déterminant dans le futur (on retrouve le rôle privilégié du philosophe-guide de La République de Platon), celui d’une élite gouvernante à la pensée enfin reconnue, élite initiée possédant les savoirs secrets sur le monde qui demeurent voilés pour le reste des hommes dont ils se distinguent… La pensée de Nietzsche se base sur l’idée que l’homme supérieur – le philosophe averti – peut seul contrôler sa volonté et donc son destin (justement par la connaissance de ses illusions), par opposition à une majorité passive (allant en cela contre Schopenhauer pour qui la volonté est pour ainsi dire l’élan naturel, qui trouve à s’exprimer dans chaque être, piégeant même la pensée). Nietzsche délimite ainsi deux groupes d’hommes, ceux supérieurs, forts, appelés à diriger l’humanité, et ceux pris dans les filets des illusions symboliques rassurantes, faibles qui ne demandent qu’à ce qu’on leur donne des religions, lois et des règles pour savoir se comporter (loin de la finesse du Discours de la servitude volontaire de La Boétie, pour lequel l’élite intellectuelle se montre plutôt rampante). Cette séparation apparaît non seulement dérangeante (on dirait presque des races différentes), mais relève de constructions idéologiques abstraites : chaque homme aussi génial soit-il est toujours l’imbécile d’un autre, compétent dans un domaine, cuistre dans un autre. Capable de courage et de lâcheté en même temps. Pertinent à un moment, non pertinent à un autre… Et c’est le rôle des autres, du groupe, que de corriger, limiter, compléter l’imperfection de chacun. Kropotkine montre dans L’Entraide que c’est plutôt l’aptitude au collectif qui fonde la vitalité d’une espèce (ouvrage publié deux ans après la mort de Nietzsche, dans une démarche scientifique de continuité avec Darwin bien plus convaincante que celle de Spencer, et aujourd’hui plutôt confirmé par les recherches génétiques).
La révolution intellectuelle et bêtise du plus fort
Nietzsche est un aristocrate convaincu (que les meilleurs gouvernent). Mais à la manière de l’idéologie courtoise du Moyen-Âge, Nietzsche aspire à une révolution : le passage d’une aristocratie guerrière ou financière (gouvernant le monde féodal puis le monde industriel) à une aristocratie intellectuelle. Il opère un renversement dans les termes mêmes : les faibles sont pour lui ceux qui usent de leurs forces physiques, de leur argent ou de leur nombre pour gouverner ceux qui devraient diriger de par leur supériorité intellectuelle, les forts. En vérité, il s’agit toujours de refonder la supériorité d’un groupe sur la masse, de se distinguer comme noble élu au milieu d’un peuple honni. L’aristocratie courtoise ne devait plus reposer sur le talent guerrier ou sur la naissance, mais devait être légitimement fondée sur l’éducation, la connaissance et le respect de codes et de valeurs choisies, l’aptitude à bien s’exprimer et à respecter l’autre (dont le dominé, le faible, la femme), donc sur des performances comportementales pouvant s’acquérir, alors que cette bonne éducation n’est pour Nietzsche qu’un camouflage destiné à préserver l’homme supérieur de la masse jalouse (discussions épuisantes et lynchage public). Pour Nietzsche, la supériorité des intellectuels paraîtrait presque biologique (une race de surhommes)… Cette croyance à la supériorité de la philosophie (sa discipline d’élection), à l’infaillibilité des meilleurs philosophes, a quelque chose de fondamentalement naïf et dangereux car Nietzsche confère à l’élite intellectuelle un rôle de guide (Führer en allemand), inattaquable (car même leurs jugements faux sont peut-être une bonne chose)… de quoi transformer l’utopie en dictature de la bêtise. Nietzsche a foi dans l’individu supérieur isolé, puissant et méfiant, par opposition à une société – la masse – qui serait débile (faible). Il ne peut voir l’organisation sociale autrement que par un pouvoir vertical qui doit être suffisamment fort pour entraîner le reste d’une humanité médiocre… À l’opposé d’une intelligence vue comme élaboration dialoguée, comme chez Platon. Le Socrate de Platon ne pensait sûrement pas le peuple stupide, mais au contraire chaque dialogue met en évidence la stupidité de leaders qui se croient plus intelligents et plus à même de diriger. Le philosophe n’est pas pour lui celui qui sait la vérité, mais celui qui est sage et connaît ses propres limites… C’est peut-être pour cela qu’il doit diriger la cité.
Il ne faut pas avoir trop raison si l’on veut avoir les rieurs de son côté ; voire, le bon goût comporte qu’on ait aussi un tout petit peu tort.
p. 158
Passages retenus
L’importance fondamentale des jugements faux, p.26 :
Qu’un jugement soit faux, ce n’est pas, à notre avis, une objection contre ce jugement ; voilà peut-être l’une des affirmations les plus surprenantes de notre langage nouveau. Le tout est de savoir dans quelle mesure ce jugement est propre à promouvoir la vie, à l’entretenir, à conserver l’espèce, voire à l’améliorer. Et nous sommes enclins par principe à affirmer que les jugements les plus faux (et parmi eux les jugements synthétiques a priori) sont pour nous les plus indispensables, que l’homme ne pourrait pas vivre sans admettre les fictions de la logique, sans ramener la réalité à la mesure du monde purement imaginaire de l’inconditionné et de l’identique […] – au point que renoncer aux jugements faux, ce serait renoncer à la vie, nier la vie.
p.46 :
À supposer qu’il se trouve un homme qui aille jusqu’à prendre les passions de haine, de jalousie, de cupidité, de domination pour des passions essentielles à la vie, pour quelque chose qui par essence et par principe doive faire partie de l’économie générale de la vie et qu’il faut, par conséquent, exalter plus encore si l’on veut exalter la vie elle-même, cet homme souffrirait comme d’une nausée de l’orientation de son propre jugement.
La philosophie choquante pour le grand public, p.56 :
Il est inévitable, il est même juste que nos vues les plus élevées prennent un air de folies, voire de crimes, quand elles arrivent par fraude aux oreilles de ceux qui ne sont pas d’une race prédestinée à les comprendre.
La radicalité naïve de la jeunesse, p.57 :
Quand on est jeune, on vénère ou on méprise sans y mettre encore cet art de la nuance qui forme le meilleur acquis de la vie, et l’on a comme de juste à payer cher pour n’avoir su opposer aux hommes et aux choses qu’un oui ou un non. Tout est agencé dans le monde pour que le pire des goûts, le goût de l’absolu, se trouve cruellement berné et maltraité, jusqu’au moment où l’homme apprend à mettre un peu d’art dans ses sentiments, ou même à essayer plutôt de l’artificiel, comme le font les vrais artistes de la vie. […] Quand la jeune âme, martyrisée par une longue suite de désillusions, se retourne enfin contre elle-même avec méfiance, avec quelle impatience elle se déchire, toute bouillante encore et violente jusque dans son soupçon et dans son remords ; comme elle se venge de son long aveuglement, comme s’il avait été volontaire ! A cet âge de transition, on se punit soi-même, on suspecte son propre sentiment ; on inflige à son enthousiasme la torture du doute ; la bonne conscience elle-même paraît un danger, un voile que l’on jetterait sur soi, par lassitude d’une probité plus raffinée ; et avant tout on prend parti, mais à fond, contre la « jeunesse ». Dix ans plus tard, on comprend que tout cela, c’était encore – de la jeunesse !
p.66 :
Ce que [l’homme secret] veut et ce qu’il obtient, c’est qu’une forme masquée de sa personne circule à sa place dans les cœurs et les cerveaux de ses amis. Et même s’il ne l’a pas voulu, il découvrira un jour que c’est malgré tout un masque de lui qui se meut là, et que c’est bien ainsi. Tout esprit profond a besoin d’un masque ; bien plus, un masque se forme perpétuellement autour de tout esprit profond, grâce à l’interprétation continuellement fausse, c’est-à-dire plate, donnée à toutes ses paroles, à toutes ses démarches, à toutes les manifestations de sa vie.
L’effet antidouleur des religions, p.86 :
La religion, la signification religieuse de la vie sont un rayon de soleil pour ces hommes toujours accablés et leur rend supportable même leur propre aspect ; elles agissent comme la philosophie épicurienne a coutume d’agir sur des souffrances d’un rang plus haut, elle les réconforte, les affine, tire parti de leur souffrance, en quelque sorte, et va jusqu’à la sanctifier et à la justifier. Peut-être n’y a-t-il rien de si vénérable dans le christianisme ou dans le bouddhisme que leur art d’enseigner même au plus humble à accéder par la piété à un ordre de choses fictif et supérieur, et par là même à se résigner à l’ordre réel qui lui fait la vie si dure, dureté qui justement est nécessaire.
Le futur a besoin d’un collectif rigoureusement organisé, p. 129 :
Il faudra enseigner à l’homme à sentir que l’avenir de l’homme est dans sa volonté, que cet avenir dépend d’un vouloir humain ; il faudra préparer de grandes entreprises, de grandes expériences collectives de discipline et de sélection, si l’on veut mettre fin à cette effroyable domination de l’absurde et du hasard qui a jusqu’à présent porté le nom d’histoire.
Le rôle du philosophe-commandeur dans la cité, p. 148 :
Les vrais philosophes sont ceux qui commandent et légifèrent. Ils disent : « Voici de qui doit être ! » Ce sont eux qui déterminent le sens et le pourquoi de l’évolution humaine, et ils disposent pour cela du travail préparatoire de tous les ouvriers de la philosophie, de tous ceux qui ont liquidé le passé.
Le goût de la démesure, p. 162 :
La mesure nous est étrangère, avouons-le ; ce qui nous excite, c’est l’attrait de l’infini, de la démesure. Tel le cavalier sur un cheval écumant, nous lâchons les rênes devant l’infini, nous hommes modernes à demi barbares, et nous ne savourons la félicité suprême que dans le moment où nous sommes le plus en péril.
La difficulté de la vie est fondamentale pour pousser l’homme, p. 162 :
Notre pitié pour vous n’est pas, à vrai dire, celle que vous imaginez ; elle ne s’adresse pas à la misère sociale, à la société, à ces malades et ces éclopés, ces vicieux et ces estropiés de naissance qui gisent autour de nous sur le sol ; moins encore aux couches serviles, mécontentes, opprimées, rebelles, qui aspirent à la domination, à ce qu’elles appellent la « liberté ». Notre pitié est d’essence plus haute et voit plus loin ; nous voyons l’homme rapetisser et nous voyons que c’est vous qui le rapetissez. Il y a des instants où c’est votre pitié, précisément, qui nous étreint d’une angoisse inexprimable, où nous nous défendons contre cette pitié, ou votre sérieux nous paraît plus dangereux que n’importe quelle frivolité. Vous voulez, si possible, abolir la souffrance, et il n’y a pas de plus fol possible ; il nous semble quant à nous, que nous préférerions rendre la vie plus haute et plus difficile qu’elle ne l’a jamais été. […] Savez-vous ce que c’est que cette discipline qui a mené l’homme jusqu’à la cime de son être ? Cette tension de l’âme dans le malheur.
L’illusion de supériorité de celui qui a souffert, p. 226 :
Quand on a beaucoup souffert, il arrive qu’on soit plein d’orgueil intellectuel et de dégoût, qu’on se sente imprégné et comme coloré par une certitude terrifiante, celle d’en savoir plus long, du fait de sa souffrance, que les malins et les plus sages, parce qu’on a exploré les terres lointaines de l’horreur où l’on a vécu un temps « comme chez soi », ces terres dont vous autres ne savent rien.
p.228 :
La pitié du saint s’adresse à la crasse de tout ce qui est humain, trop humain. Et il y a certains degrés, certaines altitudes où la pitié elle-même est ressentie par lui comme une souillure, une saleté.
p.228 :
Signes d’aristocratie : ne jamais songer à rabaisser ses devoirs en en faisant les devoirs de tous, refuser de céder ou de partager avec d’autres sa propre responsabilité, mettre au nombre de ses devoirs ses privilèges et l’exercice de ces privilèges.
p. 229 :
Il y a des hommes qui attendent et savent à peine ce qu’ils attendent, moins encore que leur attente est vaine. Parfois aussi l’appel vient trop tard ; le hasard qui permet d’agir survient quand le meilleur de la jeunesse et de l’énergie active s’est usé dans l’inaction. Et plus d’un, « se levant d’un bond », découvrit à sa grande terreur qu’il avait les membres engourdis et l’esprit déjà trop pesant. « Trop tard ! » se dit-il alors, ayant perdu la foi en lui-même, et désormais pour toujours inutile. Est-ce à dire que dans le royaume du génie les « Raphaëls sans mains », ce mot étant pris dans son sens le plus large, seraient non pas l’exception mais la règle ?
Manifeste, p. 232 :
Vivre dans une immense et orgueilleuse sérénité – toujours au-delà. Avoir ou ne pas avoir avec soi ses passions, ses amitiés, ses inimitiés, les appeler selon son bon plaisir, les congédier, y condescendre pour quelques heures ; les monter comme on monte des chevaux – souvent aussi des ânes – le fait est qu’il faut savoir utiliser la sottise de ses passions autant que leur fougue. Conserver ses trois cents coulisses, garder toujours ses lunettes noires, car il y a des cas où personne ne doit pouvoir nous regarder dans les yeux, moins encore scruter notre tréfonds. Et choisir pour sa société ce vice fripon et jovial, la courtoisie. Et rester maître de nos quatre vertus : courage, lucidité, compréhension et solitude. Car la solitude, chez nous, est une vertu, une sorte de penchant sublime et violent, un besoin de propreté qui devine tout ce qu’il y a d’inévitablement malpropre dans le contact d’homme à homme, « en société ».
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