Concevoir un site comme celui-ci avec WordPress.com
Commencer

Arrache ta science : L’art rupestre de Guyane, La Carapa (archéologie)

De la vie animale à la pierre

Ajoulart (Norbert), Mazière (Marlène & Guy) 2012, L’art rupestre amérindien de Guyane : Le site de La Carapa, Ibis Rouge, Matoury (Guyane)

Résumé

Le site des roches gravées à l’entrée de la ville de Kourou, proche du site de la CSG… Un groupe de formes rocheuses, les unes à côté des autres (comme un groupe d’oiseaux migrateurs ou de dauphins), longues et arrondies sortent de terre. On y trouve de nombreuses gravures représentant des grenouilles ou des hommes-grenouilles, ayant le même graphisme ou presque.

Commentaires

Sorte de dos de dragon sorti de la terre, ou de l’ancienne mer intérieure de l’Amazonie (lac Parime ?), piégé, calcifié, ces masses rocheuses sont en soi un site impressionnant, invitant à la méditation, un peu à la manière de minis Insenbergs (petites collines rocheuses émergeant de la forêt amazonienne et offrant une vue sur la canopée).

Les peuples amérindiens l’auraient-ils choisi comme lieu de culte ? En ce cas, les gravures auraient un rôle, comme la marque d’une pratique chamanique. La forme anthropomorphique des personnages, serait une forme intermédiaire. Comme pour les peintures rupestres des cavernes préhistoriques, les figures animales auraient un rôle de lien entre les mondes (monde des vivants, monde des esprits, inframonde des ancêtres morts et des non-nés…), l’initié entrerait par exemple en transe par un moyen ou un autre (ivresse de l’alcool, état second provoqué par l’absorption d’une plante comme l’Ayahuasca…). Il s’imagine sous sa forme animale. D’ailleurs, la grenouille est bien sûr un animal qui passe d’un monde à l’autre, animal omniprésent en Amazonie par ses chants nocturnes.

La roche gravée du village de Bigiston (big stone), partiellement immergé dans le Maroni, tout comme la quantité de polissoirs en bord de fleuve, ainsi que la sacralisation des Tumuc-Humac (à commencer par les Kassim-Kassima et encore plus par Mamilihpan marqué par ses peintures rupestres où l’on retrouve ces mêmes graphismes d’hommes grenouilles, mais éventuellement des tortues et d’autres animaux au caractère amphibie), rappellent que les peuples amérindiens ont tout d’abord étaient une civilisation fluviale et de littoral, avant d’entrer dans les terres, de pratiquer l’agriculture sous différentes formes (abattis-brûlis puis puis terrains surélevés). C’est bien-sûr par la maîtrise de cet environnement, du transport sur les voies fluviales (ou le long), de l’installation pérenne malgré inondations, crues et mouvements du littoral. Ils pratiquaient ainsi une culture liée à cet environnement : buttes de coquillages, bijoux de pierres, de graines, de coquillages et de feuilles tressées, nourriture tirée de la pêche et de la collecte de fruits de mer, contes et légendes faisant exister des monstres et esprits marins et fluviaux… La grenouille était vraisemblablement l’un des animaux-esprits de ces peuples tant l’on a retrouvé de ces pendentifs en pierre et en bois (cf. Amazonie, de Stephen Rostain).

Hypothèse : Obsession pour la forme de la grenouille. Sans doute ces gravures avaient lieu à la suite d’une cérémonie chamanique ou un rituel funéraire… L’initié ou le fils, l’ami, repart avec une grenouille sculptée en pierre ou en bois. Une grenouille anthropomorphe est fixée dans la pierre. A-t-on pratiqué là des sacrifices ? ou simulacres de sacrifice ? Un jeune est mort, passé à l’âge adulte ? Une fille devenue femme ? un sage est-il décédé ? Son esprit, cette existence révolue se matérialise dans la pierre. L’ancêtre, les ancêtres, la terre, la vie animale, sont réunis là, gravés dans la pierre, comme si était reproduit cette continuité de la vie des peuples amérindiens, dans l’inframonde des morts. La grenouille marquerait bien ainsi le passage d’un monde à une autre. La pierre est mémoire. C’est l’écriture, la gravure, la volonté de garder le souvenir. L’ancien mort trouve ainsi une place parmi les autres morts avant lui, et les amérindiens semblent ainsi après leur mort former une batterie de grenouilles, comme si ils étaient l’un de ces groupes qui chantent dans les nuits amazoniennes.

Autre : nombre de ces grenouilles-hommes gravées ont sur la tête une espèce de couronne. En cela, ils feraient penser au dieu à cornes de nombreuses cultures animistes, ou bien au chamane déguisé qui l’invoque. Ce dieu, qui favorise et régule la chasse (autorise de prendre la vie animale sous certaines conditions de quantité et d’hommage à l’animal) et représente la vitalité dans la reproduction, et par là même l’intermédiaire avec l’inframonde des ancêtres et des à-naître.

Passages retenus

Publié par Cyber Luron

Une nuit de prolo, je suivis par hasard un prince et entrai à la taverne des rêves et croyances. Carnaval de fantômes. Dans le cabaret des miracles, je cherchais le non-dit ; en coulisses, je démasquai les bavards littéraires et m'aperçus que j'en portais également ; à la tour des langues, je redescendis dans l'atelier. J'y oeuvre, contemplant la nature, songeant aux premiers hommes qui vivaient sans y penser, groupés.

Un avis sur « Arrache ta science : L’art rupestre de Guyane, La Carapa (archéologie) »

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Image Twitter

Vous commentez à l’aide de votre compte Twitter. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s

%d blogueurs aiment cette page :