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Effets de gare : La Fille de papier, de Guillaume Musso

Quand la littérature déborde de la page

Musso (Guillaume) 2010, La Fille de papier, XO, coll. « Pocket »

Note : 2 sur 5.

Résumé

Tom Boyd, romancier célèbre tombé dans la déchéance après avoir été jeté par sa petite amie aux yeux de tous les tabloïds, voit débarquer un jour dans sa maison la jeune fille d’un de ses romans : il va falloir lui écrire une suite.

Commentaires

Outre la petite astuce littéraire grossièrement exécutée de voir débarquer dans la vie de l’auteur (un auteur fictif) un personnage de ses romans, on s’amuse de la découverte du « bookcrossing », thème moderne qui permet une aventure autour de la littérature. Mais comme pour nombre d’auteurs modernes, cette prétention à la littérature dans la littérature n’est qu’un clin d’oeil à la grande littérature d’essai, et qu’une excuse à rendre l’aventure plus truffée de péripéties abracadabrantes et immotivées. C’est d’ailleurs tout le malheur de Musso, de dépenser notre temps en racontant nombre de choses inutiles, qui n’ont aucune raison d’être dans l’histoire en cours, à l’inverse du précepte de Baudelaire parlant des récits courts de Poe : que chaque pas que tu fais dans l’histoire soit motivé par la chute finale (que rien ne soit dit d’inutile à l’avancée du récit). En faveur tout de même de Musso vient une réflexion intérieure sur le travail d’écrivain, plutôt limitée mais consciente de ses limites.
Un bon livre pour progresser en français et en écriture grâce à l’écriture très respectueuse de la grammaire, donc très scolaire, de Musso.

Passages retenus

p. 183 : « Pour créer, certains artistes devaient provoquer leur désespoir lorsqu’ils n’en portaient pas assez en eux. D’autres se servaient de leur chagrin ou de leurs dérives comme étincelle. […] A ma petite échelle, je n’avais jamais eu besoin d’excitants pour écrire. Pendant des années, j’avais travaillé tous les jours – Noël et Thanksgiving compris – pour canaliser mon imagination. Lorsque j’étais lancé, plus rien ne comptait : je vivais ailleurs, en transe, dans un état hypnotique prolongé. Pendant ces périodes bénies, l’écriture était une drogue, plus euphorique que la plus pure des cokes, plus délectable que la plus folle des ivresses. »

p. 338 : « D’où vient votre inspiration ? C’était la question classique, celle qui revenait le plus souvent dans la bouche des lecteurs et des journalistes, et, honnêtement, je n’avais jamais été capable de répondre sérieusement à cette question. L’écriture impliquait une vie ascétique : noircir quatre pages par jour me prenait une quinzaine d’heures. Il n’y avait pas de magie, pas de secret, pas de recette : il fallait juste me couper du monde, m’asseoir à un bureau, mettre mes écouteurs, y déverser de la musique classique ou du jazz et prévoir un stock important de capsules de café. Parfois, dans les bons jours, un cercle vertueux se mettait en place qui pouvait me faire écrire d’un jet une bonne dizaine de pages. Dans ces périodes bénies, j’arrivais à me persuader que les histoires préexistaient quelque part dans le ciel et que la voix d’un ange venait me dicter ce que je devais écrire, mais ces moments étaient rares et la simple perspective de rédiger cinq cents pages en quelques semaines me paraissait tout bonnement impossible. »

Publié par Cyber Luron

Une nuit de prolo, je suivis par hasard un prince et entrai à la taverne des rêves et croyances. Carnaval de fantômes. Dans le cabaret des miracles, je cherchais le non-dit ; en coulisses, je démasquai les bavards littéraires et m'aperçus que j'en portais également ; à la tour des langues, je redescendis dans l'atelier. J'y oeuvre, contemplant la nature, songeant aux premiers hommes qui vivaient sans y penser, groupés.

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