
Et s’il suffisait d’une bonne idée pour écrire ? ou d’un accident ?
Musso (Guillaume) 2004, Et après…, XO, coll. « Pocket »
Résumé
Nathan est un brillant avocat new-yorkais, ayant fait une ascension sociale depuis la classe pauvre hispanophone. Pétri d’une vanité infatigable, il regrette néanmoins sa séparation d’avec l’amour de sa vie, femme humaniste et généreuse issue d’une famille riche. C’est alors qu’un étrange médecin débarque dans sa vie et fait resurgir en lui un événement lointain : Nathan avait été déclaré mort noyé à l’âge de 8 ans. Il aurait maintenant l’habilité de deviner qui va mourir.
Commentaires
Si Musso avait écrit un premier roman, celui-ci est en fait son premier « vrai » roman, faisant suite à un sérieux accident de voiture qui eut le mérite de lui insuffler l’inspiration de ce livre (et sans doute l’urgence d’écrire, de se réaliser). Mais au fond, peut-être qu’il eût mieux valu que cet accident n’arrive pas et que Musso abandonne l’écriture ou continue de s’acharner à trouver un style remarquable plutôt que des idées astucieuses pour amuser l’espace d’une lecture inter-rail. Le point fort de Musso demeure une écriture très scolaire, c’est-à-dire qu’elle respecte toutes les règles de grammaire de l’école sans chercher à tordre la langue pour lui donner vie, pour illustrer le fond par la forme ou pour bousculer son lecteur.
Roman à rebondissements multiples – à l’américaine – tirant sa force d’une petite trouvaille, cette histoire au goût de fantastique se veut agréable par le caractère désagréable de son personnage, enfilant en fait phrases figées sur proverbes modernes. Le personnage principal est peu attachant, mais surtout ni crédible ni cohérent. De toute manière, tous les personnages semblent emporter cette même personnalité toute faite de répliques soi-disant ironiques et de bon fond insipide. Seul maintient l’intérêt la quête de cette astuce qui a tendu l’intrigue. Le discours sur ce personnage issu du peuple est plat et cliché, tout comme cette sorte de morale très chrétienne sur l’aube de la mort.
Passages retenus
p. 139-140 :
Il ne put s’empêcher de penser au cours qu’avait pris sa vie. Peut-être avait-il eu tort de vouloir à tout pris échapper à son milieu d’origine. Peut-être aurait-il été plus heureux avec une femme comme Candice, dans un pavillon avec un chien et un pick-up orné d’une bannière étoilée. Seules les classes aisées s’imaginent que les gens ordinaires ont des vies monotones. Lui qui était issu d’un milieu populaire savait que ce n’était pas le cas.