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Effets de gare : Miso Soup, Murakami Ryû

Aguicher est facile, faire sentir l’horreur l’est moins

Murakami Ryû 1997, Miso Soup, Picquier, 2003
Traduit du japonais par Corinne Atlan

Note : 2 sur 5.

Résumé

Un jeune Japonais fait le guide pour les touristes américains dans le quartier chaud de Tokyo, le Kabukichô. Cette fois, son client, du nom de Frank, lui paraît étrange. Se pourrait-il qu’il ait un rapport avec les récents meurtres ?

Commentaires

Cet espèce de thriller qui s’appuie sur le décor aguicheur des quartiers de plaisir nocturne de Tokyo garde son intérêt tant que le doute plane sur le tueur. Une fois que celui-ci se dévoile, on bascule dans un bas mix de psychologie criminelle, de philosophie populaire et de horrorophilie. Comme pour les récits fantastiques, c’est l’incertitude qui tend l’intérêt du lecteur. Les scènes et descriptions de carnages n’apportent rien au récit et penchent pour une délectation à choquer qui au final passe à côté de son but car les scènes sont racontées sans filtre émotif. Racontant à l’américaine une histoire de tueur psychopathe plutôt abracadabrante, Marakami échoue à provoquer l’attente haletante qui caractérise la lecture des meilleurs romans du genre et remplace les péripéties de l’intrigue par un tableau de massacre supposé écoeurant mais qu’on ne ressent pas, puis par une séance de confession psychologisante vulgarisant quelques revues. Le ton du personnage racontant est bien peu crédible, rien d’un jeune de vingt ans, rien d’un personnage qui raconterait avec un recul une rencontre incroyable, mais bien le ton passe-partout, vu mille fois, d’un écrivain pseudo ironique qui joue de l’humour bien tranquille dans son fauteuil. Il faut ajouter que la traduction ultra académique émascule sûrement le zeste de style de l’écriviain. Les dialogues sont sans vie, tout ce qu’il y a d’académique, les élans de développement sur la culture japonaise, sur le monde moderne ou la nature humaine tiennent davantage du cliché que de l’illustration poétique.

Passages retenus

p. 58 : « Pourquoi y a-t-il des gens qui se tuent littéralement au travail au Japon alors que c’est un des pays les plus riches de la planète ? Quand il s’agit de jeunes filles venant de pays pauvres d’Asie, je peux encore comprendre, mais pourquoi des lycéennes japonaises éprouvent-elles le besoin de se prostituer ? Travailler dans le but de faire le bonheur de sa famille est sûrement un point commun à toutes les sociétés du monde, alors pourquoi le système typiquement japonais consistant à envoyer un employé travailler loin de sa famille toute la semaine ne suscite-t-il aucune protestation ? Si j’étais incapable d’expliquer tout cela, ce n’était pas par stupidité, mais parce que les journaux et les magazines n’évoquent jamais ces sujets, et qu’on n’en parle pas non plus à la télé. »

Publié par Cyber Luron

Une nuit de prolo, je suivis par hasard un prince et entrai à la taverne des rêves et croyances. Carnaval de fantômes. Dans le cabaret des miracles, je cherchais le non-dit ; en coulisses, je démasquai les bavards littéraires et m'aperçus que j'en portais également ; à la tour des langues, je redescendis dans l'atelier. J'y oeuvre, contemplant la nature, songeant aux premiers hommes qui vivaient sans y penser, groupés.

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