
Aperçu du potentiel thérapeuthique et social du chant
Welsch (Yseult) 2000, Chanter pour vivre, Le Mercure dauphinois, Grenoble, 2003
Résumé
Le chant n’est pas seulement une activité artistique, liée à la musique. Le chant peut avoir un rôle différent de réappropriation (apprendre à maîtriser, sentir son corps), de rééquilibrage corps-esprit (digestion des douleurs, transformation de la souffrance en énergie, expulsion), de mise en connexion du corps au monde et à autrui (échanges de vibrations avec autrui, avec le vivant, avec les objets…). Ce lien corps-esprit-extérieur, permet de multiples utilisations, notamment pédagogiques, thérapeutiques… C’est ce qu’on appelle la psychophonie.
Le chant, c’est ouvrir des espaces afin que la vibration circule, ouvrir des espaces pour que l’âme descende, connecter l’âme au corps.
p. 35
Commentaires
L’ouvrage n’est pas un essai théorique ni un outil pratique, plutôt une ouverture, une excitation poétique pour tenter d’exprimer, de révéler les pouvoirs quasi magiques du chant sur le corps. La disposition du texte dans les pages, seulement sur la page de droite avec un titre et des paragraphes courts, une phrase, est clairement celle d’une poésie, ou de poèmes en prose. C’est aussi un gain de place pour un ouvrage qui contient bien peu, et la poésie semble un peu une excuse à un ouvrage désorganisé (certains chapitres semblent formés de listes d’idées jetées en pagaille). C’est bien dommage que le livre soit finalement juste ébauché, si le thème du chant est riche, inspirant, ce que montre bien l’autrice, chaque matériel poétique semble être à peine soulevé et reposé au même endroit, sans avoir été secoué ni manipulé. Welsch obtient quelques belles lignes bien senties qu’elle mêle à quelques repères techniques jetés çà et là (décomposition de la musique vocale en mélodie, rythme et poésie ; les étages de l’homme sonore, jambes de l’équilibre et de l’enracinement, bassin viscéral, thorax respiratoire, tête dans le ciel ; description de l’arrière-plan culturel et physique des consonnes). Vulgarisation et poétisation, voilà un grand écart peu évident. On aurait préféré une alternance de textes explicatifs et présentatifs (avec peut-être également des compte-rendu d’activités pratiques) et d’envolées lyriques tant Yseult Welsch semble en rester à la surface d’une profession, d’une passion, d’un monde encore peu connu et inexploité. En tout cas, elle réussit à convaincre sur la quantité des applications possibles de la psychophonie (du coaching à la thérapie psychologique ; de l’échauffement sportif à la préparation pédagogique, du sacré collectif au bien-être individuel…).
Passages retenus
La dualité, p. 41 :
Le chant est l’harmonisation des contraires (haut-bas, inspir-expir, gauche-droite…). Il rétablit les connexions là où il n’y avait plus de circulation énergétique, mentale, affective, là où il n’y avait plus de mouvement de vie. Il trace de nouveaux sillons et crée de nouveaux programmes vitaux.
Cocon énergétique, p. 45 :
Dans cette époque mouvementée, dispersée, la pratique du chant nous aide à nous stabiliser.
La vibration chantée annihile l’effet nocif des ultra et infrasons ainsi que les effets perturbants des sons parasites produits par la technologie et l’industrie moderne.
Le chant crée un champ électromagnétique bénéfique qui nous protège et nous nourrit ainsi que notre entourage.
N’oublions pas que nous sommes et vivons dans un bain sonore et que chanter en groupe nous harmonise et crée un partage relationnel à tous les niveaux : individuel, collectif et planétaire.
Le chant apaise, « lessive » les états stressés créés par les déséquilibres nerveux : fatigue, soucis, surmenage, peur, etc.
On peut comprendre l’intérêt du chant régénérateur, pacificateur, équilibrant pour une pensée désaccordée, perturbée.
Certaines musiques actuelles ont tendance à décaler notre cocon énergétique, nous fragilisent et créent des dépendances.
Pour retrouver notre équilibre, ignorants que nous sommes, nous recherchons pour compenser d’autres déséquilibres. Cela procure au plus profond de nous des vides énergétiques, des sensations étrangères, parasites ; poussés par notre curiosité, nous sommes à l’affût de sensations nouvelles, souvent déstabilisantes, car vécues dans l’ignorance de soi et l’ignorance de la puissance sonore.
La bonne musique, qu’elle soit classique, populaire, sacrée est structurante ; elle est un des meilleurs facteurs permettant à notre cocon de revenir à sa place et de s’apaiser.
Nettoyage des traumatismes, p. 77 :
On peut avoir libéré mentalement des situations difficiles, des vécus douloureux, cependant cela reste encore inscrit profondément dans le corps, dans la chair. Il n’y a que l’expression du corps à travers les arts qui permette cette évacuation, cette libération, autrement cela reste dans les méandres du cerveau, compris mais non libéré. Les deux démarches sont nécessaires.