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Effets de gare : Apocalypse Bébé, de Virginie Despentes

Petite fenêtre sur votre jeunesse dévergondée

Despentes (Virginie) 2010, Apocalypse bébé, Grasset

Note : 2.5 sur 5.

Résumé

Une détective privée, femme un peu coincée, est engagée pour retrouver une jeune fille de bonne famille, fille d’un écrivain connu. Un peu paumée dans son identité familiale et dans sa découverte sexuelle, elle aura sûrement fugué. Incapable de s’en sortir seule, la détective fait appel à une experte de la manière forte, une lesbienne tout à fait à l’aise avec son corps et avec ses mots.

Commentaires

Il faut noter quelques descriptions d’orgie assez amusantes à lire pour leurs détails croustillants, sensées être choquantes, mais peu vivantes dans leur manière. De façon générale, l’écriture de l’auteure est peu surprenante, tout comme ses personnages sans épaisseur. Tout est jeté sur l’originalité et le côté rentre-dedans du monde réel découvert par la détective qui, venant d’un monde ennuyeux et propre plonge avec une figure rassurante quoique exagérée dans un monde à la fois sale et attirant. C’est la contradiction entre le monde des apparences et celui souterrain, des marginaux, qui est supposé mettre un coup à la lecture. Ce coup n’est pas inexistant mais plutôt que de détailler l’univers, le monde souterrain, les caractères, les vices, les attirances charnelles, les dégoûts, Virginie Despentes emmène vite son lecteur à Barcelone, à la mer, respirer un grand coup. Ça y est notre personnage-prototype lecteur, chargé de nous représenter dans cette découverte de la marge, est déjà transformée, convertie à ce monde, à l’aise. Et la chute, les allusions au terrorisme ou autres font un peu fourre-tout dans ce portrait d’une jeunesse qui se perd, coincée entre deux mondes.

Passages retenus

Violence conjugale ordinaire, p. 76 :
Quand Claire se laisse glisser en arrière dans la baignoire pour plonger la tête sous l’eau chaude, elle entend les bruits de l’appartement du dessous. Comme souvent, les voisins se disputent. Amplifiés par l’eau, les sons deviennent étranges, mous et graves. Souvent, le mari est violent. Claire entend la femme glapir deux ou trois mots, puis lui qui renâcle dans une pièce, avant de finalement traverser l’appartement à grands pas, et c’est alors qu’il cogne. Elle hurle et proteste, parfois elle court pour lui échapper. Puis la scène s’entrecoupe de chocs plus forts que d’autres, difficiles à identifier, pas forcément des coups. Ensuite, il y a le silence. Les premières fois, Claire craignait qu’il l’ait tuée, mais à la longue elle sait que c’est le calme après la dispute. On ne dirait pas, à les voir, que c’est ce genre de couple.

Victimes de pervers narcissique, p. 235 :
La plupart du temps, tu sais, il est de bonne humeur, il est drôle, il blague. Mais si on ne rigole pas, ça peut basculer. Ou si on rigole trop fort. Ou si le dîner est servi froid. Ou si par exemple il tâche sa chemise en buvant un jus d’orange alors qu’il avait prévu de porter cette chemise le lendemain. Ça bascule. On le voit changer. On sent que ça arrive. Mais on ne peut pas dire à l’avance pourquoi ça arrivera. Par exemple, un jour je vais rentrer avec un douze sur vingt en français, et il va hausser les épaules en me disant de m’appliquer la prochaine fois. Mais le lendemain, j’arrive avec un quatorze et il demande pourquoi je n’ai pas fait mieux, et comme je ne réponds pas ce qu’il faut, ça commence. Ou bien ma mère va trop faire cuire les pâtes, elle aura peur, elle paniquera, elle aura les larmes aux yeux et lui se moquera d’elle « mais enfin c’est pas grave, elles sont très bonnes comme ça ». Mais le lendemain il la trouvera en train de nettoyer la table avec l’éponge qui sert à faire la vaisselle, et il la traînera dans le bureau pour lui mettre une trempe, parce qu’il vient de décider qu’il fallait qu’on ait deux éponges, une pour la vaisselle et une pour la table. Seulement on ne peut pas savoir avant quelles sont les règles qu’on doit suivre, tu comprends, les règles changent, on ne sait jamais quand on fera quelque chose qu’il ne fallait pas faire.

Publié par Cyber Luron

Une nuit de prolo, je suivis par hasard un prince et entrai à la taverne des rêves et croyances. Carnaval de fantômes. Dans le cabaret des miracles, je cherchais le non-dit ; en coulisses, je démasquai les bavards littéraires et m'aperçus que j'en portais également ; à la tour des langues, je redescendis dans l'atelier. J'y oeuvre, contemplant la nature, songeant aux premiers hommes qui vivaient sans y penser, groupés.

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