
La musique du paysage
George Sand 1876, L’Orgue du Titan [in Contes d’une grand mère, seconde série], Calmann-Lévy
Résumé
Un vieil organiste se plaignant d’étranges douleurs aux mains, raconte comment s’est déclaré son talent, quand il avait suivi son maître dans un périple à cheval à travers la montagne pour le lointain village de Chante-Orgue…
Contes d’une grand-mère, seconde série
- Le Chêne parlant
- Le Chien et la Fleur sacrée
- L’Orgue du Titan
- Ce que disent les fleurs
- Le Marteau rouge
- La Fée Poussière
- Le Gnome aux huîtres
- La Fée aux gros yeux
Commentaires
Derrière un conte un peu fantastique, la nuit de folie provoquée par l’alcool, l’étrange sensation inexplicable du vieil organiste, on peut comprendre une déclaration d’amour à la nature et aux paysages des montagnes, le coeur du récit étant une traversée de paysages montagneux, une plongée dans la nature moins humanisée à dos de cheval. Et c’est ce paysage, cette vallée escarpée, rocailleuse, les sons de la nature qui ont inspiré le talent musical du jeune apprenti organiste. En cela, ce conte est un passage au concret de la poésie et du message du Chant du monde, de Giono. La musique, artifice ou invention apriori humaine est en fait une imitation de la nature ou au moins est due à ce contact, cette sensibilité de l’homme à la nature.
Passages retenus
Soirée alcoolisée, p. 75 :
– Chante-orgue ! Joli vin, joli nom ! On l’a fait pour moi qui touche l’orgue, et agréablement, je m’en flatte ! Chante, petit vin, chante dans mon verre ! Chante aussi dans ma tête ! Je te sens gros de fugues et de motets qui couleront de mes doigts comme tu coules de la bouteille ! À ta santé, frère ! Vivent les grands orgues de Chanturgue ! Vive mon petit orgue de la cathédrale, qui, tout de même, est aussi puissant sous ma main qu’il le serait sous celle d’un titan ! Bah ! Je suis un titan aussi, moi ! Le génie grandit l’homme et chaque fois que j’entonne le Gloria in excelsis, j’escalade le ciel !
Le bon curé prenait sérieusement son frère pour un grand homme et il ne le grondait pas de ses accès de vanité délirante. Lui-même fêtait le vin de Chante-orgue avec l’attendrissement d’un frère qui reçoit les adieux prolongés de son frère bien-aimé ; si bien que le soleil commençait à baisser quand on m’ordonna d’habiller Bibi. Je ne répondrais pas que j’en fusse capable. L’hospitalité avait rempli bien souvent mon verre et la politesse m’avait fait un devoir de ne pas le laisser plein.
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