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Renverse ton image : Le Chien et la Fleur sacrée, de George Sand (conte)

Rétablir le dialogue entre les espèces

Note : 3.5 sur 5.

George Sand 1876, Le Chien et la Fleur sacrée [in Contes d’une grand mère, seconde série], Calmann-Lévy

Résumé

Lors d’un dîner, M. Lechien confie qu’il croit aux vies antérieures et raconte qu’il a été un petit bouledogue blanc qui a été bien éduqué et aimant. Sir William, lors d’un voyage en Inde, a croisé le regard d’un éléphant blanc sacré et s’est souvenu avoir été l’un d’eux, capturé puis domestiqué.

Contes d’une grand-mère, seconde série

  1. Le Chêne parlant
  2. Le Chien et la Fleur sacrée
  3. L’Orgue du Titan
  4. Ce que disent les fleurs
  5. Le Marteau rouge
  6. La Fée Poussière
  7. Le Gnome aux huîtres
  8. La Fée aux gros yeux

Commentaires

Prenant le cadre des soirées/réunions à contes, comme bien-sûr Le Décaméron de Boccace, ce conte présente la belle hypothèse bouddhiste de réincarnation. Suivant le bien ou le mal effectué par une âme durant sa vie, celle-ci montera ou descendra dans une sorte de hiérarchie des espèces, dont le sommet serait évidemment l’homme. On pourra reprocher cette vision anthropocentrée, tout en comprenant l’importance des valeurs bien/mal dans l’objectif éducatif du conte. Ces vies antérieures animales sont également interprétables comme des contes comprenant quête, adjuvants, opposants, rebondissements…
Dans quel but Sand propose-t-elle ce conte ? Au regard des autres contes du recueil, davantage qu’un éveil spirituel, on peut penser qu’il est question de montrer comme toutes les espèces, y compris l’homme, sont liées entre elles, comme chaque élément de nature a son âme, sa vie, sa dignité, ses souffrances… La question du langage (comme déjà pour le Chêne parlant), de l’intercompréhension entre différentes espèces, entre animal et homme, est centrale. Seules les personnes de bonnes intentions et sensibles aux animaux peuvent établir une communication avec eux, les comprendre et obtenir d’eux l’amour.

Passages retenus

Réincarnation de la fleur en papillon, p. 35 :
J’étais fleur, une jolie fleur blanche délicatement coupée, probablement une sorte de saxifrage sarmenteuse pendant sur le bord d’une source, et j’avais toujours soif, toujours soif. Je me penchais sur l’eau sans pouvoir l’atteindre, un vent frais me secouait sans cesse. Le désir est une puissance dont on ne connaît pas la limite. Un matin je me détachai de ma tige, je flottai soutenue par la brise. J’avais des ailes, j’étais libre et vivant. Les papillons ne sont que des fleurs envolées un jour de fête où la nature était en veine d’invention et de fécondité.


« vous devez partager les idées de migration des âmes ? », p. 42 :
– La science est la science, répondit l’Anglais. Je la respecte infiniment, mais je crois que, quand elle veut trancher affirmativement ou négativement la question des âmes, elle sort de son domaine et ne peut rien prouver. Ce domaine est l’examen des faits palpables, d’où elle conclut à des lois existantes. Au delà, elle n’a plus de certitude. Le foyer d’émission de ces lois échappe à ses investigations, et je trouve qu’il est également contraire à la vraie doctrine scientifique de vouloir prouver l’existence ou la non-existence d’un principe quelconque. En dehors de sa démonstration spéciale, le savant est libre de croire ou de ne pas croire.


« Est-ce que l’éléphant n’est pas très laid ? » p. 43 :
Le sens artiste éprouve le besoin de formes supérieures à celles de l’homme, et il se sent pris de respect pour les êtres capables de se développer fièrement sous cet ardent soleil qui étiole la race humaine. Là où les roches sont formidables, les végétaux effrayants d’aspect, les déserts inaccessibles, le pouvoir humain perd son prestige, et le monstre surgit à nos yeux comme la suprême combinaison harmonique d’un monde prodigieux. Les anciens habitants de cette terre redoutable l’avaient bien compris. Leur art consistait en la reproduction idéalisée des formes monstrueuses. Le buste de l’éléphant était le couronnement principal de leurs parthénons.


Pourquoi les hommes n’ont pas la mémoire de la réincarnation, p. 45 :
Je crois que certains animaux nous semblent pensifs et absorbés parce qu’ils se souviennent. Où serait l’erreur de la Providence ? L’homme oublie, parce qu’il a trop à faire pour que le souvenir soit bon. Il termine la série des animaux contemplatifs, il pense réellement et cesse de rêver. À peine né, il devient la proie de la loi du progrès, l’esclave de la loi du travail. Il faut qu’il rompe avec les images du passé pour se porter tout entier vers la conception de l’avenir. La loi qui lui a fait cette destinée ne serait pas juste, si elle ne lui retirait pas la faculté de regarder en arrière et de perdre son énergie dans de vains regrets et de stériles comparaisons.

Publié par Cyber Luron

Une nuit de prolo, je suivis par hasard un prince et entrai à la taverne des rêves et croyances. Carnaval de fantômes. Dans le cabaret des miracles, je cherchais le non-dit ; en coulisses, je démasquai les bavards littéraires et m'aperçus que j'en portais également ; à la tour des langues, je redescendis dans l'atelier. J'y oeuvre, contemplant la nature, songeant aux premiers hommes qui vivaient sans y penser, groupés.

7 commentaires sur « Renverse ton image : Le Chien et la Fleur sacrée, de George Sand (conte) »

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