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Passe en coulisses : La Thébaïde, Racine (théâtre)

Mélodrame politique

Racine (Jean) 1664, La Thébaïde (ou Les Frères ennemis) [in Théâtre complet 1], GF Flammarion, 1964

Note : 2 sur 5.

Résumé

Polynice est aux portes du palais, avec une armée de jeunes rebelles, pour prendre le pouvoir qui lui revient de droit. Selon les vœux d’Oedipe, les deux frères doivent se partager le pouvoir, un an tour à tour. Mais Étéocle est applaudi et aimé du peuple ; il ne veut plus remettre le pouvoir à son frère qui paraît autoritaire. Jocaste et Antigone essaient de les apaiser, mais Créon, oncle des deux frères, entretient leur haine.

Commentaires

La première pièce de Racine est une réécriture des Sept contre Thèbes d’Eschyle. Ici, tout se passe dans le palais royal. Racine y organise une rencontre entre les deux frères, donne un amant à Antigone, qui est aussi le fils de Créon et est le lieutenant de Polynice. Racine ajoute aussi à l’ambition de Créon, un amour pour Antigone. Il remplace ainsi les mobiles initiaux des personnages, valeur, honneur, par des questions intimes : haine originelle des frères rivaux ; amour, famille… Créon, de manipulateur ambitieux, tourne en un ignoble prêt à sacrifier ses fils, mais mourant d’amour pour Antigone. Les personnages sont ainsi d’une simplicité et d’une stupidité désarmante. Racine s’est aussi laissé aller à tuer ses personnages de manière pitoyable, les uns après les autres. Tout se passe dans les intérieurs du palais ; on y suit la tambouille d’une famille ridicule.
On a aucune hésitation de la part des personnages et l’avancée des scènes n’est qu’un verbiage sans conséquences. Pas de dilemme. Au fond, la pièce se réduit à ce simple artifice narratif de donner l’autorisation aux ennemis d’entrer une fois dans le palais et de faire une réunion familiale avant l’affrontement. Malgré tout, on remarquera quelques élans de la parole qui interrogent le destin ou la politique… ou qui racontent le conflit final des frères, et qui annoncent le grand talent d’écriture de Racine. Mais ces petites réflexions, parallèles et contrastes que Racine remarque en remplissant les paroles de ses personnages, ne sont pas illustrés, montrés par l’action – certes dans l’illustre légende – et demeurent sans impact.

Passages retenus

Problème de la division du pouvoir, Acte I, scène 5 :
L’intérêt de l’État est de n’avoir qu’un roi,
Qui d’un ordre constant gouvernant ses provinces,
Accoutume à ses lois et le peuple et les princes.
Ce règne interrompu de deux rois différents,
En lui donnant deux rois, lui donne deux tyrans. […]
Ce terme limité, que l’on veut leur prescrire,
Accroît leur violence en bornant leur empire.
Tous deux feront gémir les peuples tour à tour :
Pareils à ces torrents qui ne durent qu’un jour,
Plus leur cours est borné, plus ils font de ravage,
Et d’horribles dégâts signalent leur passage.


Responsabilité des dieux, Acte III, scène 2 :
Voilà de ces grands Dieux la suprême justice !
Jusques au bord du crime ils conduisent nos pas ;
Ils nous le font commettre, et ne l’excusent pas !
Prennent-ils donc plaisir à faire des coupables,
Afin d’en faire après d’illustres misérables ?


Flatterie, Acte V, scène 3 :
Ainsi de leurs flatteurs les rois sont les victimes ;
Vous avancez leur perte en approuvant leurs crimes ;
De la chute des rois vous êtes les auteurs ;
Mais les rois en tombant entraînent leurs flatteurs.


Ressemblance dans la discorde, Acte V, scène 3 :
Les deux princes sortaient pour s’arracher la vie ;
Que d’une ardeur égale, ils fuyaient de ces lieux,
Et que jamais leurs cœurs ne s’accordèrent mieux.
La soif de se baigner dans le sang de leur frère
Faisait ce que jamais le sang n’avait su faire :
Par l’excès de leur haine ils semblaient réunis ;
Et prêts à s’égorger, ils paraissaient amis.

Publié par Cyber Luron

Une nuit de prolo, je suivis par hasard un prince et entrai à la taverne des rêves et croyances. Carnaval de fantômes. Dans le cabaret des miracles, je cherchais le non-dit ; en coulisses, je démasquai les bavards littéraires et m'aperçus que j'en portais également ; à la tour des langues, je redescendis dans l'atelier. J'y oeuvre, contemplant la nature, songeant aux premiers hommes qui vivaient sans y penser, groupés.

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