
Deleuze vous invite sur son territoire, où se rejoignent l’action et la pensée
L’Abécédaire de Gilles Deleuze (interrogé par Claire Parnet), 8h d’entretiens réalisées par Pierre-André Boutang, 1988-1989
Première diffusion dans l’émission Métropolis de P.-A. Boutang, sur Arte à partir de janvier 1995. Gilles Deleuze se suicide le 4 novembre de la même année.
Commentaires :
Ce format d’entretiens, bien qu’un peu âpre, laissant surtout le philosophe retomber dans le développement de ses thèses, a l’avantage de faire entrer assez facilement dans la philosophie de Deleuze. Certains sujets sont bien sûr plus accessibles que d’autres. Mais dans l’ensemble, Deleuze discutant se rend plus accessible. Il résume une position, une thèse. Il l’exprime parfois d’un exemple terre à terre, d’une expression ou d’un sentiment plus fort et plus clair qu’un grand développement scientifique, et qu’il ne se serait pas permis dans un ouvrage de recherche.
Dans le prolongement de Spinoza et de Nietzsche, Deleuze se montre d’une puissance impressionnante quand il parle de l’homme et de ce qui le pousse, son instinct, ses désirs, son territoire, son comportement par rapport aux autres (animal, boisson, désir, fidélité, joie…). Ce qui rend le discours intéressant est l’application du philosophe à amener ses thèses au degré de vie quotidienne des spectateurs. Quels liens entre ces concepts et leur vie ? Nombre d’autres sujets concernent ainsi le métier, vu de l’intérieur (comment apprendre, travailler…) : « Enfance », « culture » en viennent à la question du parcours d’autoformation intellectuelle (quels ouvrages choisir, combien lire ?), « histoire de la philosophie », « Idées », ou « Littérature » expliquent ce qu’est la philosophie, à quoi elle sert, quels sont ces objectifs concrets dans la vie. « Professeur » nous fait entrer dans l’atelier, nous fait voir ce qu’il y a derrière l’apparence de l’homme parlant philosophiquement avec de grands mots techniques.
M comme maladie est sans aucun doute le sommet de ces entretiens, réunissant ainsi les préoccupations présentes du philosophe (sa situation d’homme âgé, près de 70 ans, la maladie, la fatigue), et faisant le lien avec le souci du métier (comment continuer à travailler au mieux dans de mauvaises conditions) et avec le désir profond, le comportement avec les autres (« On vous fout la paix »). Par un magnifique renversement, la vieillesse, la maladie, la fatigue, deviennent des moments profitables, joyeux, appréciables. Et la complainte, l’élégie n’en sont que les musiques d’ambiance.
De plus, ces entretiens montrent et illustrent comme la philosophie peut s’occuper de choses concrètes et non seulement se perdre dans les hauteurs de la réflexion, de la contemplation – de la masturbation intellectuelle – comme on lui reproche souvent (c’est la langue spéciale, jargonante et élaborée, précisée par nombre de concepts, qui donne l’impression que la philosophie s’occupe de choses déconnectées). C’est pourquoi Claire Parnet a pris le soin d’alterner entre des sujets a priori sérieux et d’autres plus triviaux. Et même à l’intérieur de chacun, ses questions vont du trivial au théorique.
Les relations amicales entre les deux permettent également d’approcher le philosophe dans une plus grande intimité : son rapport à la connaissance, au travail, aux relations humaines… Ses habitudes et hobbies…
Sommaire des différents épisodes :
Gilles Deleuze répond aux questions de son amie et ancienne élève Claire Parnet, qui a choisi un thème principal pour chaque lettre de l’alphabet.
A : Animal
La relation de l’homme à l’animal ne peut être que d’animal à animal. Ce qui est admirable chez l’animal, c’est la notion de territoire, l’existence et la défense d’un univers limité.
B : Boisson
La boisson comme la drogue est le sacrifice d’une partie de soi. La boisson aide à supporter quelque chose de trop fort qu’on a découvert dans la vie, nous fait croire qu’on va se hisser à ce quelque chose. Si cela aide au travail alors oui, si cela empêche, il faut arrêter.
C : Culture
La culture consiste beaucoup à parler, à faire du charme, c’est avoir et savoir comment parler d’un tas de choses nécessaires à la culture minimale. La parole est sale et l’écrit propre. Le comportement n’est pas dans cette recherche d’une totalité de potentiel à bavarder, mais dans le fait d’être aux aguets, de faire des rencontres, de suivre ce chemin personnel dans la culture, n’aller chercher ces connaissances que par le hasard des rencontres ou par la nécessité du travail qu’on s’est donné.
D : Désir
On ne désire pas une chose seule, on la désire pour ce qu’on peut en faire. On désire un agencement. Une femme veut une robe pour la porter avec ses bottes, pour la montrer à ses amies, pour charmer le voisin qui aime les robes telles… Cherchez donc les agencements (// désirs) qui vous conviennent. Le désir entraîne un territoire (un univers limité correspondant à ce désir), un style d’énonciation, des états de chose et une déterritoralisation.
E : Enfance
L’importance du Front populaire sur la bourgeoisie française. L’éveil par la rencontre d’un professeur réformé, gauchiste, amateur de littérature. La rencontre avec la philosophie… L’activité d’écriture n’a pas à voir avec sa petite histoire mais avec la vie. Ecrire, c’est devenir, mais pas devenir écrivain, ni faire de l’archive. Le rôle d’un professeur (de littérature) : faire aimer un texte. Penser à l’enfance, c’est repousser son enfance, l’écarter. L’intérêt pour l’enfance, ce n’est pas pour son enfance, mais pour l’enfance d’un monde, pour le devenir enfant. Retrouver l’œil et l’atmosphère de l’enfance, l’étrangeté et l’innocence de l’enfance dans son enfance.
F : Fidélité
L’amitié ne se fait pas sur l’accord d’opinions ou sur des thèmes et intérêts communs, mais sur une affaire de perception, une entente quasi animale ; on se comprend sans se parler. Plus que des idées, c’est le langage ou pré-langage qui est commun. Aimer quelqu’un n’est possible que si on aperçoit, si on devine ce grain de folie, de dépassement de l’homme normal, moyen, et si ce grain de folie qui se révèle dans un geste, une parole est la source du charme. Il est normal de se méfier de ses amis, de leur folie et de leur charme. On rivalise avec ses amis, comme on rivalise dans la philosophie. Il y a rivalité des hommes libres.
G : Gauche
Etre homme de gauche, ce n’est pas parler de droits de l’homme, c’est avoir une perception partant du général et allant vers le particulier et viser à ce que la jurisprudence soit respectée, viser à ce que chaque cas soit traité en cohérence avec la vision d’ensemble. Un gouvernement de gauche n’est pas possible, il peut simplement être sensible, favorable aux idées et devenirs de gauche, mais il est gouvernant, donc allant vers la majorité, s’adressant à la majorité. Etre de gauche, c’est rendre possible le devenir minoritaire, c’est-à-dire, donner accès à un cas particulier à la jurisprudence, c’est-à-dire à la justice telle qu’elle est maintenue par le gouvernement.
H : Histoire de la philosophie
L’histoire de la philosophie n’est pas juste un conditionnement social et matériel, même si les problèmes auxquels cherchent à répondre les philosophes sont bien des problèmes matériels ou sociologiques. Il y a une histoire particulière le l’évolution de la pensée philosophique. Pour répondre à des problèmes concrets, chaque philosophe bâtit des concepts en s’inspirant en cela des concepts déjà créés par d’autres pour répondre à d’autres problèmes. Un philosophe est un créateur de concept pour répondre à un vrai problème qui a du sens.
I : Idées
L’idée à l’origine d’une création (non l’idée de Platon), c’est le concept créé par le philosophe, l’idée ingénieuse trouvée par l’impressionniste pour donner l’effet qu’il souhaitait, celle du compositeur pour faire ressentir. Il y a les concepts, les précepts et les affects. Si l’affect est l’évocation d’un goût d’une couleur, d’une atmosphère par la forme… Les précepts seraient des ensembles complexes de sensations et de perceptions détachés de l’individu qui les a éprouvés. Tout créateur cherche donc lui aussi à répondre à un problème qu’il s’est donné par une idée associant peut-être même les trois en différentes proportions. Le mauvais créateur est celui qui a mal saisi, rendu son idée, elle lui a échappé, il ne l’a pas assez cherchée.
J : Joie
La joie est ce qui consiste à « remplir une puissance » ; la tristesse apparaît lorsque je suis séparé « d’une puissance dont, à tort ou à raison je me croyais capable ». Exercer sa puissance est toujours une joie. « Se réjouir, c’est d’être ce que l’on est, c’est se réjouir d’être arrivé où l’on en est. » Faire ce qu’on est capable de faire, c’est être. « Toute tristesse est faite d’un pouvoir sur moi ». Les « pouvoirs », les juges, la police, le prêtre… empêchent d’exercer sa puissance, ils sont force de tristesse. La plainte vient de celui qui est exclu, qui n’a pas de statut social – qui est empêché d’agir. La plainte vient de celui qui se dit : ce qui m’arrive est trop grand pour moi. « Effectuer une puissance, mais à quel prix ? »
K : Kant
Kant développe à son extrême le personnage du philosophe-avocat-juge. Avec lui, les choses sont jugées, les facultés mesurées par un tribunal de la raison, non plus par la morale de Dieu, grâce à sa méthode critique. Mais une lignée de philosophes (Spinoza, Nietzsche, Laurence, Artaud) cherche au contraire à en finir avec ce système du jugement.
Mis à part cette opposition fondamentale, Kant crée d’autres concepts fondamentaux. C’est lui qui dégage le temps du mouvement : autrefois cyclique servant à mesurer la période, le temps est désormais visualisé en ligne droite (le mouvement dépend du temps. Le concept du sublime : les facultés ont des relations désordonnées, et ainsi des accords discordants.
L : Littérature
Les concepts ne fonctionnent pas seuls et dépendent de percepts qui sont exprimés dans la littérature. La littérature consiste en la création de personnages, de situations, de langues… qui sont des percepts, des objets ressentis, perçus… cas limites qui posent problèmes et intéressent donc le philosophe.
M : Maladie
La maladie limite l’accomplissement d’une puissance, notamment physique. L’homme cherche donc ce qu’il peut accomplir malgré elle, comment il peut s’en servir pour tout de même accomplir sa puissance. Tourné d’avantage vers l’intellect, la maladie permet aussi de s’affranchir de certaines limites et devoirs sociaux pour favoriser l’accomplissement de sa puissance. La fatigue est au contraire l’indication biologique de fin de journée. La vieillesse est une bonne chose en fait, si l’on en excepte la douleur ou la misère, on y est plus désintéressé, moins susceptible, plus lent mais patient, réceptif. Et surtout, comme la maladie, la société vous lâche ! On peut se complaindre tranquillement, avoir une pureté d’objectif, une sobriété.
N : Neurologie
Comment se forme une idée ? Comme chez les idiots, c’est ne plus recourir aux associations d’idées usuelles. Il y a une lecture non-spécialiste des textes spécialisés. Il ne faut pas avoir une lecture d’autodidacte des sciences ou de la philosophie, etc. Mais aborder un texte spécialisé avec sa spécialisation, aborder un texte philosophique en peintre… « Je parle de ce que je ne sais pas, mais en fonction de ce que je sais. »
O : Opéra
Au fond, pourquoi la chanson populaire peut-elle avoir valeur d’œuvre ? La question est de savoir ce qu’un chanteur, comme n’importe quelle autre production, apporte de nouveau. La musique tourne autour du concept de ritournelle, « la la la ». On chantonne chez soi, on chantonne en rentrant chez soi, à la tombée de la nuit, le moment d’inquiétude, pour se donner du courage. C’est une question de territoire. La mélodie, de même, si l’on observe une grande œuvre classique, l’œuvre semble également formée autour d’une ritournelle, on en part, on y revient…
P : Professeur
Un cours se prépare beaucoup, se répète comme un spectacle, un orchestre. Le professeur doit répéter jusqu’à trouver passionnant ce qu’il va dire. « Il faut aimer ce dont on parle ». Le meilleur public de cours ne s’adresse pas qu’aux spécialistes, aux étudiants du domaine. La philosophie doit s’adresser autant aux non-philosophes qu’aux philosophes. Le cours magistral s’oppose au cours. L’intervention pendant le cours est anormale, comme une phrase musicale, certains passages demeureront obscurs mais pourront s’éclaircir sur l’ensemble.
« Le rapport qu’on peut avoir avec des étudiants, c’est leur apprendre qu’ils doivent être heureux de leur solitude ». Les étudiants veulent communiquer, du collectif mais ils ne feront rien d’autre que par eux-mêmes.
Q : Question
La plupart du temps, et notamment dans les médias, il n’y a pas de « questions », au sens de problème posé, ils y a surtout des interrogations « qu’est-ce que vous en pensez ? » c’est-à-dire qu’on demande votre opinion. L’interrogation « Est-ce que vous croyez en Dieu ? » n’a que très peu d’intérêt. Le problème serait plutôt par exemple : « Serai-je jugé après ma mort, Dieu est-il un juge ? ». Il est convenu qu’on ne pose pas les questions. C’est ça le consensus, on substitue le problème par des interrogations. Les rénovateurs de droite veulent par exemple un Europe des régions, mais le pouvoir central des partis ne répondent pas là-dessus. La télévision est condamnée à la conversation, c’est insignifiant.
R : Résistance
Créer, c’est résister. Les artistes, les philosophes, les scientifiques créent contre les attentes bêtes des consommateurs, des médias. Ce sont ceux qui créent parce qu’ils ont un sentiment confus d’être un homme. La honte d’être un homme au regard de ce que font les autres hommes (comme Primo Levi devant ce qu’ont fait les Nazis). La création, c’est libérer la puissance de vie qui est enfermée ailleurs, que d’autres hommes enferment. On ne crée que par nécessité de résister. Le philosophe poursuit, pour résister, son mouvement en allant chercher chez un contemporain, chez un ancien, ce qui l’aidera à aller contre.
S : Style
Le style, c’est lorsque l’écrivain fait subir un traitement personnel et original à la langue. Et aussi quelque chose qui l’amène à la limite de la langue, à la limite de la musique. Pour cela, le styliste s’éloigne de la linguistique (la grammaire, plutôt) et d’une langue régulière et répondant à des règles logiques. Dans la vie de tous les jours, on peut s’habiller avec style, mais il y a aussi du style à reconnaître le style. Est déjà un peu styliste, celui qui a la préoccupation du style, qui vit le problème du style. Le style est une nécessité de la composition.
T : Tennis
Le sport est un domaine de variation des attitudes du corps, de tactiques, de postures du corps, de gabarit. Ceux qui introduisent de nouveaux mouvements, sont des styliste. Si on fait l’histoire d’un sport, il y a les créateurs, les suiveurs, comme dans l’art. Il y a aussi d’autres mouvements comme la prolétarisation du tennis. Björn Borg a amené le tennis de masse, avec son personnage christique, sa timidité. Il garde le fond du cours, lifte, envoie des balles hautes. Tout prolo peut comprendre ça. Comme Jésus, c’est un aristocrate qui va vers le peuple tandis que John McEnroe est un pur aristocrate qui ne veut pas qu’on le suive.
U : Un
Non, la philosophie ne s’occupe pas d’universaux (de contemplation, de réflexion, de communication), ce que croit l’opinion (comme elle le croit pour la science). Comme la science, elle s’occupe en fait de singularités. Elle crée des concepts pour traiter des ensembles de singularités. Et la formule en est toujours n-1 (supprimer l’unicité). Ces concepts servent à apprendre et comprendre.
V : Voyage
Le voyage est une fausse rupture, une rupture à bon marché. Comment peut-on voyager pour le plaisir ? Seuls les voyageurs forcés, les exilés, les migrants, sont respectables ; ce sont des voyages sacrés. Le nomadisme est le contraire du voyage. Ils s’accrochent à leur terre qui devient déserte, donc ils sont nomades. Selon Proust, un voyageur vérifie toujours quelque chose : un mauvais rêveur est quelqu’un qui ne va pas voir si la couleur qu’il a rêvée est bien là. L’intensité peut être dans l’espace mais aussi – parfois plus selon chacun – dans l’immobilité, comme la musique et la philosophie.
W : Wittgenstein
Régression de la philosophie. Sous prétexte de faire du nouveau, « ils » (les wittgensteiniens) cassent tout.
X : Inconnu & Y : Indicible
Les inconnues des systèmes mathématiques.
Z : Zigzag
Le Z de la mouche, c’est peut-être le premier mouvement de l’existence, on rejoint le A. Comment relier deux potentiels disparates ? Il y a d’abord un précurseur sombre qui fait le lien mais reste dans l’ombre. Ensuite, la lumière évidente apparaît entre les deux.
Passages retenus :
M comme Maladie :
Mais penser – pour moi, il me semble – c’est être à l’écoute de la vie. Alors, c’est pas ce qui se passe en soi, être à l’écoute de la vie. C’est tellement autre chose que penser à sa propre santé. Mais je pense qu’une santé fragile favorise ce genre d’écoute. […] On ne peut pas penser si on n’est pas dans un domaine qui n’excède pas un peu vos forces, c’est-à-dire qui vous rend fragile. […] Ce qui nous frappe d’impuissance […]. Il s’agit de savoir quel usage on peut en faire, pour à travers elle, récupérer un peu de puissance. Alors il est certain que la maladie doit servir à quelque chose, comme le reste. […] Ce n’est pas une ennemie, pour moi. Parce que ce n’est pas quelque chose qui donne le sentiment de la mort. C’est quelque chose qui aiguise le sentiment de la vie. Et pas du tout au sens non plus de « Ah ! Je voudrais vivre et comme une fois guéri, je vais me mettre à vivre ! ». Je crois, je ne connais rien de plus abject au monde que ce qu’on appelle un bon-vivant. C’est abject, un bon-vivant. Au contraire, les grands vivants sont des hommes de très petite santé. […] Je dis « voir la vie » : se laisser traverser par elle. Ça aiguise ça ; ça donne une vision de la vie, la maladie. La vie dans toute sa puissance, dans toute sa beauté.
[…]
Il faut s’en servir pour être un peu plus libre. […] Ou alors c’est très fâcheux, on se surmène. C’est ce qu’il faut pas faire. Se surmener s’il s’agit de travailler, de réaliser une puissance quelconque, ça vaut la peine. Mais se surmener socialement, je comprends pas. […] Je parle des corvées sociales. Ça libère énormément à cet égard.
[…]
La fatigue, c’est autre chose. C’est : j’ai fait ce que j’ai pu aujourd’hui. Ça y est, la journée est finie. La fatigue, c’est vraiment : biologiquement, la journée est finie. Alors il se peut qu’elle doive durer pour d’autres raisons, pour des raisons sociales. Mais la fatigue, c’est la formulation biologique de ce que la journée est finie. Tu ne tireras plus rien de toi-même. Et à cet égard, si on le prend comme ça, c’est pas un sentiment désagréable. C’est désagréable si on n’a rien fait. Alors là en effet, ça devient angoissant.