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Regarde ta face : Les Parents terribles, Cocteau (théâtre)

Famille bourgeoise comique, tragédie intime

Cocteau (Jean) 1938, Les Parents terribles, Gallimard, coll. Le Livre de Poche, 1962

Note : 4 sur 5.

Résumé

Yvonne a encore failli mourir à cause de maladresse concernant son traitement. Son fils Michel a découché cette nuit. Tante Léonie se doute qu’il a rencontré une femme. D’ailleurs, sûrement que Georges également. Ce serait bien normal étant donné qu’Yvonne ne s’occupe plus de lui et n’a d’yeux que pour son fils. Et elle n’est pas prête d’accepter qu’une femme lui vole son fils. Mais Michel est bien amoureux et sa Madeleine doit rompre avec un vieil homme qui l’a entretenue…

Commentaires

Intrigue familiale typique de comédie, avec ses rôles grotesques de femme hypocondriaque, incapable de se gérer, de vieille fille, de jeune premier sentimental et naïf, de vieux trompé… qui tend à tourner à la tragédie par la profondeur des personnages. À commencer par ce complexe d’Oedipe réinterprété, le jeune tuant le concurrent paternel, reniant la mère amoureuse pour une autre femme qui ressemble davantage à sa tante, vraie personne responsable qui semble s’être occupé de lui. Léonie en vieille fille ayant sacrifié son amour, son orgueil, sa vie, pour continuer de vivre à côté de l’homme qu’elle aimait et qui l’a rejetée pour sa sœur, acquiert quelque force et quelque majesté par son extrême droiture, la radicalité de son engagement, par son intelligence. Les personnages sont faussement dupes, faussement naïfs et Michel par la radicalité égale de sa décision contre son amour en finirait par toucher également. Léonie qui se sacrifie finalement avant de regretter son geste, devient elle-aussi personnage de tragédie, se complétant autant dans sa conscience du mal causé que dans sa volonté de vivre.

Passages retenus

Exact. C’est une monstruosité. C’est in-cro-yable, mais c’est comme ça. C’est même un chef-d’oeuvre. Hé, oui. (Il s’approche de la bibliothèque et frappe le dos des livres.) Tous ces messieurs, qui ont écrit des chefs-d’oeuvre, les ont écrits autour d’une petite monstruosité du même modèle. C’est pourquoi ces livres nous intéressent. Il existe, cependant, une différence. Je ne suis pas un héros de tragédie. Je suis un héros de comédie. Ces choses-là plaisent beaucoup, amusent beaucoup. C’est l’habitude. Un aveugle fait pleurer mais un sourd fait rire. Mon rôle fait rire. Pense donc ! Un homme trompé, c’est déjà risible. Un homme de mon âge trompé par un jeune homme, c’est encore bien plus risible. Mais si cet homme est trompé par son fils, le rire éclate ! C’est un chef-d’oeuvre de fou rire. Une farce, une bonne farce. La meilleure de toutes les farces. S’il ne se produisait pas de situations analogues, il n’y aurait pas de pièces. Nous sommes des personnages classiques. Tu n’es pas fière ? À ta place, je le serais.

p. 106

Publié par Cyber Luron

Une nuit de prolo, je suivis par hasard un prince et entrai à la taverne des rêves et croyances. Carnaval de fantômes. Dans le cabaret des miracles, je cherchais le non-dit ; en coulisses, je démasquai les bavards littéraires et m'aperçus que j'en portais également ; à la tour des langues, je redescendis dans l'atelier. J'y oeuvre, contemplant la nature, songeant aux premiers hommes qui vivaient sans y penser, groupés.

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